La Parole au spécialiste…
Hervé Lapie, agriculteur et président de Symbiose, nous parle de l’évolution de l’agriculture de la plaine de champagne crayeuse au cours des siècles. |
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Avant de devenir une grande région naturelle agricole de France, la Champagne crayeuse a connu plusieurs changements de couvert végétal. Du savart à l’agriculture moderne en passant par les boisements de pins, ce territoire et son évolution sont liés à l’histoire naturelle et aux activités humaines.
Ainsi, jusqu’au milieu du XIXème siècle, la plaine est dominée par les savarts, pelouses calcaires parcourues par les moutons. La Champagne est d’ailleurs qualifiée de pouilleuse à cette époque, soit par son aspect dénudé, soit pas la forte présence d’une certaine plante : le pouillot. Dès 1750, des plantations de pins sylvestres sont réalisées pour fournir du bois de mine et de chauffage. En 1850, Napoléon III décide d’implanter du pin noir d’Autriche, espèce plus adaptée au type de sol que le pin sylvestre. La révolution agricole a lieu dès 1950 grâce à la mécanisation agricole et aux engrais qui améliorent les cultures en sol crayeux.
Aujourd’hui, plus de 60% du territoire est dédié à l’agriculture avec une majorité de grandes cultures céréalières, betteravières et oléagineuses. D’autres cultures sont plus spécifiquement développées dans la région comme la luzerne. Cette biomasse diversifiée et de qualité a favorisé le développement de l’agro-industrie sur le territoire, en faisant de la Champagne-Ardenne l’une des plus grandes régions en France dans ce domaine.
Cet atout est par exemple exploité par la bioraffinerie de Pomacle-Bazancourt qui a pour but d’optimiser l’utilisation des ressources végétales, pour à long terme remplacer les ressources fossiles, et de développer un modèle de bioraffinerie suivant une logique d’écologie industrielle. Le domaine de la recherche et développement a une part importante sur le site.
Ce dernier appartient d’ailleurs au pôle de compétitivité IAR (Industries et Agro-Ressources) qui rassemble les acteurs de la recherche, de l’enseignement et de l’industrie de Champagne-Ardenne et de Picardie autour d’une thématique commune de valorisation non alimentaire du végétal.
Entre agriculture et viticulture, la région a su valoriser ses atouts naturels importants.