L’association Symbiose et ses deux partenaires de projet : Luzéal et le Réseau Biodiversité pour les Abeilles (RBA) sont venus présenter aux agriculteurs de Beine-Nauroy les résultats des trois années d’expérimentations (2014-2016) du projet « Apiluz » réalisée sur leur territoire.
L’objectif de ce projet est de mettre en place des bandes de luzerne non fauchées (BNF) afin de les laisser fleurir pour être une source d’alimentation en nectar et pollen pour les pollinisateurs, notamment pour les abeilles mellifères. Ainsi, sur le territoire de Beine-Nauroy, ce sont environ 2 % de BNF des surfaces de luzerne qui ont bénéficié de cette gestion différenciée.
Depuis la mise en place du projet le protocole a évolué pour répondre aux contraintes de chacun. À l’origine les BNF faisaient 6 m de larges et étaient installées alternativement en bordures de la parcelle. En 2015, pour limiter la contrainte liée au salissement des BNF (lié à l’effet bordure et au retour en 3ème coupe de la bande au même emplacement qu’en 1ère coupe), les BNF ont été déplacées dans la parcelle de manière à ne jamais revenir au même endroit. En 2016, la largeur des BNF a été réduite à 3 m mais en multipliant le nombre de bande sur le territoire et ainsi mieux disséminer ces dernières sur le territoire.
Un constat positif pour la biodiversité
Le principal objectif d’« Apiluz » est d’allonger la période de disponibilité de ressource alimentaire pour les pollinisateurs par la présence en permanence de luzerne en fleurs, ainsi grâce à cet aménagement cette période est multipliée par 2 à 3 (cf. schéma). Grâce aux BNF, il est également observé un gain sur la population de pollinisateurs de 10 % en 2015 et 20 % en 2016 (ce gain est surtout bénéfique aux papillons et abeilles domestiques).
Pour l’apiculteur, la présence de BNF a contribué deux années sur trois (2014 et 2015) à améliorer la quantité de miel récoltée (l’année 2016 n’étant pas significative à cause des conditions climatiques très pluvieuses de l’été n’ayant permis qu’une faible miellée et ayant allongé les durées d’intercoupes de luzerne).
Une approche économique du projet
L’intérêt du projet « Apiluz » est d’avoir mêlé à l’approche biodiversité une approche économique à travers le partenariat avec Luzéal. Pour la coopérative, la mise en place des BNF engendre différentes pertes, d’une part liée à une moindre productivité des chantiers de récoltes lors de la « reprise » d’une BNF (réduction de vitesse de fauche, d’andainage, de récolte), cette perte reste difficilement chiffrable pour la coopérative. D’autre part, la perte est liée et par une diminution rendement de l’ordre de la valeur d’une coupe sur la surface de la BNF.
Si le dispositif était élargi à l’ensemble de la coopérative, le coût de mise en oeuvre représenterait plusieurs centaines de milliers d’euros.
Pour Thierry Hamerel, directeur de Luzéal, convaincu de l’utilité du dispositif : « ce projet a un enjeu plus large que la filière luzerne, il a un intérêt pour l’ensemble des filières agricoles de la région ».
Après ces trois années d’expérimentation, Symbiose souhaite poursuivre le développement de ce projet auprès d’autres acteurs des filières.
Témoignage de Benoit Jacquet, agriculteur
Quels intérêts trouvez-vous au projet Apiluz ?
Quand Luzéal, m’a proposé de participer à ce projet en 2014, je n’ai pas hésité une seconde. C’était pour moi une façon de participer. Les bandes de luzerne non fauchées nous apportent peu de contrainte car c’est la coopérative qui gère la récolte. L’évolution du protocole a permis également de résoudre le problème du salissement des bordures de parcelle, car la première année, elles étaient laissées en bordure, les années suivantes, elles étaient dans la parcelle.
Ce projet va dans le bon sens pour préserver la biodiversité et aider les apiculteurs.