Créée en 2012, l’association Symbiose rassemble les acteurs de la région autour de la gestion et du développement de la biodiversité (recherche, agriculteurs, chasseurs, apiculteurs, naturalistes, techniciens, financiers). Avec son slogan « Agissons ensemble sur nos territoires au profit de la biodiversité », elle engage des actions pour expérimenter la mise en place de nouvelles pratiques, accompagner les acteurs dans la proposition d’aménagements simples qui allient performances économiques et performances environnementales et pour communiquer auprès du grand public. Le 22 novembre au Village by CA de Bezannes, elle a proposé un colloque pour évoquer les dernières opérations conduites en matière de biodiversité.
Cinq projets de territoire ont été lancés ces dernières années sur le thème de la constitution de trames vertes ; lesquelles rassemblent l’ensemble des milieux permettant d’assurer la conservation des espèces sauvages sur un territoire.
Projet 1 : bandes de luzerne non fauchées
L’idée ? Proposer, dans la continuité du programme Apiluz, le concept de bandes de luzerne non fauchées en milieu de parcelles pour répondre aux besoins alimentaires des abeilles. À la clé, allongement de la floraison, augmentation de la fréquentation des pollinisateurs et production de miel plus importante. On notera néanmoins en parallèle une baisse de rendement et une baisse de productivité à la récolte qui posent la question de la prise en charge de la perte économique pour généraliser le dispositif.
Projet 2 : aménagement des bords de chemin et bords de route
L’objectif consiste à effectuer le nettoyage et le fauchage au début du printemps pour laisser la nature reprendre ses droits et permettre une pollinisation plus importante. Le tout afin de laisser la nature faire ou donner un petit coup de pouce grâce à des mélanges locaux de semis. Au final, un bilan satisfaisant même s’il convient de surveiller les impacts éventuels sur les parcelles agricoles.
Projet 3 : aménagement des pieds de pylônes électriques
84 surfaces sous pylônes ont été prises en charge intégralement par RTE lors de la reconstruction de la ligne de Lonny-Seuil- Vesle en 2016. Ces espaces ont été aménagés façon corridors écologiques, qu’ils soient enherbés, fleuris ou arborés. Les résultats ? Des aires exploitées et optimisées pour favoriser la biodiversité.
Projet 4 : analyse et suivi des mesures
Après le bilan des suivis réalisés de 2013 à 2017, la conclusion est celle d’une biodiversité qui reste néanmoins riche au sein du territoire et la confirmation que des actions simples peuvent la conforter et l’optimiser. Éléments de la faune et de la flore pourront ainsi jouer leur rôle de régulateurs naturels sur l’écosystème. Lequel comprendrait d’ailleurs en majorité davantage d’acteurs neutres ou favorables aux cultures des parcelles.
Projet 5 : sensibilisation et communication des agriculteurs et du grand public
Un groupement d’intérêt économique et environnemental « Agriculture et biodiversité autour de Tilloy » a été créé pour sensibiliser les agriculteurs, identifier les espaces exploitables et proposer des actions simples et reproductibles pour étendre les bonnes pratiques sur l’ensemble du territoire (ressemis en bords de chemin, essai de bandes intra-parcellaires et gestion de la fauche…).
« Favoriser et développer la biodiversité »
« Depuis 2012, l’association Symbiose travaille avec tous les acteurs concernés par la biodiversité et avec les collectivités départementales et régionales, souligne Hervé Lapie. Notre objectif est de pousser à faire ensemble pour favoriser et développer cette biodiversité en permettant à chacun de s’écouter et de dialoguer plutôt de rentrer dans des débats de radicalisation stérile. L’association cherche ainsi à promouvoir des pratiques nouvelles sans bouleversement profond, et non contraignantes. Nous avons pour vocation d’être un laboratoire d’idées, de recherche et d’innovation pour assurer et maintenir la compatibilité qui existe entre les agriculteurs et leur environnement ». | |
Pour sa part Benoît Collard interroge : « quelle est la place de l’homme au sein de son écosystème ? Est-il homme-orchestre ou élément extrémiste ? En tout cas nous pouvons être sûrs qu’au centre se trouve la vie. Et chacun peut jouer un rôle à son niveau pour la préserver. Avec Symbiose, nous avons le défi de mettre en commun les compétences à travers un laboratoire d’idées pour lancer une multitude d’expérimentations nouvelles qui se baseront avant tout sur la force du collectif. Et parce que la biodiversité induit d’autres thèmes majeurs comme la qualité de l’eau ou de l’air, les infrastructures, la sécurité civile… de plus en plus d’acteurs et de partenaires viennent nous rejoindre parce qu’ils sont convaincus qu’ils ont un rôle à jouer ». |
« Nous sommes condamnés à réussir ensemble »
Bernard Chevassus-au-Louis, 67 ans est biologiste normalien et docteur en sciences. Il préside l’association Humanité et Biodiversité et intervient régulièrement pour apporter des éléments d’éclairage sur le thème de la biodiversité. Convié à présider la journée organisée par l’association Symbiose, le scientifique s’est dit « impatient et persuadé qu’il y avait urgence à traiter ces questions et à avancer dans le domaine de la biodiversité ».
« Personnellement, j’attends l’issue de la réforme de la Politique Agricole Commune tout comme l’avenir du plan biodiversité et les budgets qui lui seront alloués par le Ministère de l’agriculture. Il ne peut plus y avoir de luttes ou de conflits entre agriculteurs et écologistes parce qu’il y a urgence à agir collectivement. Nous sommes condamnés à réussir ensemble », a-t-il évoqué lors de cette journée.« Je tiens avant tout à vous féliciter pour tout ce que vous faites et cela fait du bien d’entendre toutes ces initiatives. Soyons aussi vigilants sur la manière dont nous parlons de ces sujets car on ne peut pas parler d’ « espaces non cultivés » tout comme il n’y a pas de « biodiversité banale ». Toutes les petites actions en la matière sont importantes pour avancer.De tous les exposés que vous avez pu faire il ressort que la gestion du milieu est aussi importante que ses caractéristiques mêmes ».
Article réalisé par Marie Bonnet pour La Marne Agricole