Dans la foulée de l’assemblée générale, les partenaires du projet Apiluz se sont réunis l’après-midi pour présenter l’intérêt des bandes de luzerne non fauchées (BNF) et d’autres aménagements pour les pollinisateurs. Rappelons qu’Apiluz est déployé à grande échelle pour la seconde année sur huit départements et des surfaces similaires à 2021 (1 840 km de BNF laissées par près de 2400 agriculteurs).
Soutenu financièrement par sept coopératives (Cristal Union, Sun Deshy, Luzeal, Prodeva, Capdea, Tereos, Cérésia), la chambre d’agriculture de la Marne, une entreprise privée (Lidl), la Fondation du Crédit agricole Nord-Est et la Fondation Avril, des acteurs publiques (Région Grand Est, Département de la Marne) et deux syndicats apicoles (FGSAM, la Champagne apicole). Apiculteurs et responsables de la filière luzerne ont apporté leur vision d’Apiluz et témoigner sur son intérêt.
Une démarche validée par les apiculteurs
Alain Tanet, apiculteur près de Reims avec 50 ruches : « En juin-juillet, on constate effectivement un manque de ressource alimentaire pour nos abeilles. La luzerne est une des rares cultures qui peut fleurir à cette époque. Les BNF sont bienvenues pour leur alimentation, de même que les bords de chemin quand leur gestion laisse fleurir les espèces. Une BNF lors de la 4ème coupe serait également utile si techniquement et financièrement, c’était possible.»
Dominique Mareigner, président de la Champagne Apicole : «C’est entre le 15 juin et le 15 juillet que la disette alimentaire est la plus importante pour nos abeilles. Plutôt que se focaliser sur une coupe précise (1ère, 2ème, 3ème ou 4ème), il vaudrait peut-être mieux définir la période la plus propice (entre le 15 juin et le 15 juillet par exemple) pour laisser les BNF.»
Philippe Lecompte, apiculteur et président de Réseau Biodiversité pour les Abeilles :” Des recherches montrent l’existence d’un variant du virus porté par le Varroa dont l’impact sur les abeilles est amplifié par le manque de ressource alimentaire. Il faut donc trouver des solutions pour répondre à ce manque de ressources. Les BNF en sont une.”
Un dispositif à pérenniser
Eric Masset, président Coop de France Désydratation : « Dans la nouvelle PAC qui démarre en 2023, des surfaces non productives seront obligatoires (3 à 4 % a priori) dans le cadre de la BCAE8 (Bonnes Conditions Agro-Environnementales). La proposition que je fais dans les ministères (qui sont sensibles à l’impact du projet Apiluz) est d’intégrer également les BNF dans ces surfaces non productives. Cela pourrait suffire à remplir l’objectif des 3 à 4 % de surfaces non productives obligatoires. Il reste cependant un problème réglementaire à lever : pour l’instant, ces aménagements ne peuvent pas se situer au milieu d’une culture. »
Didier Maudoux, président de Capdéa : « Les coopératives sont entrées dans le dispositif Apiluz malgré les contraintes et l’investissement. Nous souhaitons qu’il perdure. Mais il faudra trouver un financement car cela a un coût en terme de gestion pour nos usines. »
L’après-midi s’est poursuivie sur le terrain avec la visite d’une BNF et d’autres aménagements favorables aux pollinisateurs (bord de chemin, bande intra-parcellaire).