Hervé Lapie, président de l’association Symbiose, a rassemblé de nombreux partenaires toujours plus diversifiés lors de l’Assemblée Générale du mardi 9 juin 2015 qui s’est tenue à Epoye. Ce fut l’occasion de faire le point sur l’année écoulée et sur les projets à venir. Au programme : retour sur les comptes et le montant de la cotisation, présentation du bilan d’activité 2014 et des projets 2015, intervention d’Hélène Gross, chargée de mission Biodiversité à l’ACTA (Association de Coordination Technique Agricole) et visite de la plateforme Biodiversité de Berru.
Hélène Gross, chargée de mission Biodiversité à l’ACTA, a présenté la place de la biodiversité au sein de ce réseau d’ITA (Institut Technique Agricole). Elle a développé notamment deux dispositifs d’intérêt pour la biodiversité qu’elle pilote en tant que chef de projet, financés par le CASDAR (Compte d’Affectation Spéciale pour le Développement Agricole et Rural).
Le premier, le RMT (Réseau Mixte d’Acteurs) « Biodiversité et Agriculture », a pour but de rassembler les acteurs autour de cette thématique commune pour favoriser les échanges d’information, le transfert de connaissance et fournir une expertise efficace. Ce réseau aborde trois thématiques pouvant participer à l’évaluation de la performance de la biodiversité : la régulation des bioagresseurs,la pollinisation et l’évaluation globale de la biodiversité. Il a pour objectif de développer des outils de mesure, méthodes et indicateurs les plus adaptés pour traduire les apports de la biodiversité pour le monde agricole. De nombreux partenaires sont mobilisés sur ce projet, dont les Chambres d’Agriculture et Solagro, entreprise associative.
Le second, le projet « Agribirds », s’interroge sur la sous-utilisation des indicateurs « Oiseaux » par les acteurs agricoles. Pourtant les oiseaux sont connus depuis longtemps comme de bons indicateurs des interactions entre agriculture et biodiversité.L’objectif de ce projet est de réfléchir sur les moyens de diffuser l’utilisation de ces indicateurs efficaces de biodiversité auprès des acteurs du monde agricole, par l’élaboration de protocoles simples et adaptés à ces acteurs. La LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) et l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) travaillent notamment en collaboration sur ce projet.
Hélène Gross ne connaissait pas l’association Symbiose, mais elle a apprécié la diversité des partenaires (agriculteurs, apiculteurs, chasseurs, associations environnementales, collectivités) tous rassemblés dans un même but de maintien de la biodiversité. Les structures d’envergure nationale comme l’ACTA ont besoin d’acteurs de terrain comme Symbiose pour relayer les projets à l’échelle locale, fournir des retours d’expérience et diffuser les connaissances.
Interview d’un participant à la visite
Camille Monchy :« Vous avez participé à la visite du site de Berru, commentée par Jérémy Miroir, expert botaniste, et présentant les multiples aménagements dédiés à la biodiversité. Quels enseignements en avez-vous tiré ? »
Bruno Gillet, agriculteur et adjoint au maire à Baconnes. « Les aménagements présentés par Jérémy Miroir sont simples et peu couteux. L’entretien est facile à réaliser si le paillage utilisé autour des arbustes est efficace. Le mélange d’espèces rampantes, d’arbustes à baies et d’arbres permet avec les bandes enherbées d’apporter au gibier « le gite et le couvert ».Toutefois, la superficie enherbée m’a paru excessive par rapport aux plantations, d’où une consommation de surface vite importante.
Pour résumer, je dirais qu’il est bien dommage que la nouvelle PAC (Politique Agricole Commune), avec la transformation des SET (Surface Equivalente Topographique) en SIE (Surface d’Intérêt Ecologique), ne favorise plus ce genre de réalisation. Les règlements environnementaux changent sans arrêt, ce qui décourage beaucoup d’agriculteurs de prendre des initiatives en faveur de la biodiversité. Par exemple, la création de haies a été encouragée et subventionnée jusqu’en 2014. Au 1er janvier 2015, le règlement change et les haies deviennent une contrainte figée dans le parcellaire de nos exploitations. D’un point de vue réglementaire, elles ne présentent plus d’intérêt pour la biodiversité ».
CM : « Le principal intérêt de ce type d’aménagements est qu’il est reproductible. A ce propos, envisagez-vous des actions favorisant la biodiversité sur votre exploitation ou pour le compte de la commune de Baconnes ? ».
BG : « Pour favoriser la biodiversité, Jérémy Miroir insiste beaucoup sur l’importance des bandes enherbées mixées à des plantations d’arbustes. En 2012 et 2013, pour être en règle vis-à-vis des SET, j’ai créé une haie de 400 mètres de long bordée par 3 mètres d’herbe de chaque côté. J’évite aussi de broyer l’herbe des chemins en bordure de champ.
Pour ce qui est de l’avenir, c’est au niveau de Baconnes que des actions vont être menées. La commune vient d’acquérir une parcelle d’un hectare en périphérie du village. Avec l’aide de la Chambre d’Agriculture et de Symbiose, nous allons y créer un savart, un verger conservatoire et des aménagements favorisant la biodiversité, cequi s’intégrera bien dans le village fleuri ».
L’association Symbiose reçoit le soutien financier pour l’ensemble de son projet du Conseil Régional de Champagne-Ardenne, de l’Europe (FEADER), de la Chambre d’Agriculture de la Marne.