L’association Symbiose a reçu le directeur général de l’Anses, Roger Genet, Caroline Semaille, directrice générale déléguée pôle produits réglementés, et Marthe-Louise Boye-Elexhauser, chef de cabinet, le 27 septembre 2019 à Tilloy et Bellay.
Une belle opportunité, en présence du Préfet, Denis Conus, du Maire, Christian Carboni, et de l’ensemble des Parlementaires, pour communiquer et valoriser la recherche et l’innovation en matière de biodiversité, portée par la profession, Symbiose et ses partenaires, les agriculteurs et les apiculteurs.
Une initiative portée par la FDSEA et les Parlementaires marnais
Les petits déjeuners trimestriels organisés par la FDSEA 51 avec les Parlementaires marnais génèrent parfois un certain nombre d’initiatives dont celle d’inviter l’ANSES dans la Marne à venir découvrir l’implication de toute une profession en faveur de la biodiversité. Dans un contexte de pression médiatique et sociétale, de réduction régulière des produits de santé végétale, voire de discussions sur les zones de non traitement, cette rencontre fut opportune.
En salle puis dans les champs
Hervé Lapie, Président de l’Association Symbiose, Benoît Collard, Secrétaire général, Jean-Marie Delanery, porteur du projet sur le territoire de Tilloy et Bellay, et Ronan Vigouroux, responsable environnement UIPP, ont présenté l’ensemble des actions portées par Symbiose.
A savoir :
- le programme Apiluz, projet mené sur 3 ans et permettant d’éviter les périodes de disette alimentaire en début et fin d’été des abeilles grâce à la luzerne,
- le projet trame verte, projet de création et de restauration d’infrastructures écologiques à l’échelle d’un territoire (Tilloy & Bellay),
- le projet Agrapi, observatoire de ruches en milieu agricole, sur 5 sites de référence en France. Les paramètres clé du rucher (analyse pollen, miel…) ainsi que les pratiques agronomiques et les paysages sont analysés. L’objectif est de démontrer qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre les activités agricoles et apicoles.
La partie pratique fut présentée par une visite de terrain orchestrée par l’expert en biodiversité Sylvain Duthoit de la Chambre d’agriculture.
Roger Genet a réellement apprécié toutes ces initiatives et mesuré le réel investissement porté par l’association Symbiose. Scientifique et en aucun cas dogmatique, Roger Genet a rappelé l’importance, pour l’Anses, d’obtenir des données publiques et privées pour répondre aux trois préoccupations de celle-ci : la protection des utilisateurs (agriculteurs), la protection des populations et celle de l’environnement. Et de conclure : « tout le travail de recherche que vous effectuez doit être publié dans la documentation technique officielle afin d’être pris en compte pour nos recommandations. Nous ne manquerons pas de vous faciliter les mises en relation avec nos partenaires nombreux pour conforter votre dynamique positive ».
Roger Genet fut, par ailleurs, très impressionné sur la capacité à fédérer l’ensemble des acteurs d’un territoire. « Il est important de renforcer le lien entre ces initiatives locales et nos structures nationales » et de rappeler qu’il est essentiel de valoriser les travaux auprès du grand public.
ZNT ou dialogue
Hervé Lapie a rappelé au Directeur de l’Anses l’importance d’engager des espaces de dialogue. Dès que l’on discute ensemble, on trouve des solutions.
Dans la Marne, la profession agricole travaille depuis plusieurs mois une charte de bon voisinage où sont associés le Département, l’association des Maires, les consommateurs, etc. « Nous devons apprendre à vivre ensemble, ne pas se focaliser sur des mesures politiques arbitraires (5m, 10m…) mais, au contraire, construire des solutions plus efficaces et réfléchir ensemble. Il faut également rappeler aux consommateurs que l’on traite nos plantes pour protéger leur santé ».
Dans ce contexte compliqué et difficile médiatiquement, Hervé Lapie a demandé au Directeur de l’Anses d’avoir une vision la plus globale possible en intégrant tous les paramètres et données. « Les agriculteurs, conclut-il, sont fatigués de cette pression médiatique à laquelle vous êtes également confronté. Nous avons besoin de retrouver de la sérénité, du dialogue, et de conforter l’action de nos scientifiques pour apporter de l’objectivité à toutes décisions. N’oublions donc pas nos paysans, les territoires et leur avenir, qui font aussi part de données importantes à intégrer ».
Le renouvellement de nos générations est important. Créons un climat de confiance mutuelle et développons économiquement nos territoires.
Ils ont dit
Benoît Collard, Secrétaire général Symbiose
Nos actions sur le terrain permettent de réduire de 50% la mortalité des abeilles par rapport à la moyenne nationale et d’augmenter la production de miel. J’ai l’impression que les scientifiques sont loin de nous. Je suis par ailleurs scandalisé que certaines ONG puissent mettre autant de doutes face à des structures comme l’ANSES avec autant de chercheurs.
Philippe Lecompte, Président Réseau Biodiversité pour les abeilles
La crise apicole sert de prétexte pour fragiliser les pratiques phyto. On interdit les néonicotinoïdes sur la betterave alors qu’il n’existe aucun résidu dans le miel ni le pollen et on fragilise ainsi toute une filière qui, par effet domino, peut fragiliser la filière luzerne et nos apiculteurs.
Laurent Chevalier, Directeur lycée de Somme-Vesle
Les pratiques culturales évoluent très rapidement mais il faut accepter un pas de temps suffisant pour former nos jeunes, nos futurs techniciens et nos agriculteurs. Par ailleurs, les attentes sociétales vont plus vite que la recherche. Soyons vigilants lorsque nous analysons l’eau qui représente plus l’agriculture du passé que celle portée par les agriculteurs actuellement.
Jean-François Maréchal, Apiculteur
A Tilloy et Bellay, en pleine Champagne crayeuse, j’ai zéro mortalité dans mes ruches depuis 4 ans et j’ai réalisé 145 kg de moyenne par ruche. Je n’ai jamais vu cela ! Le vrai enjeu est d’assurer un bol alimentaire adapté tout au long de l’année. Attention au miel et à la cire d’abeille importés de Chine car ils sont source de contamination de nos cheptels (50% des importations).
Hervé Lapie, Président Symbiose
On nous a occupés pendant de nombreuses années sur les nitrates alors que nous aurions dû mettre davantage de moyens dans les études sur les produits de santé végétale. Nous ne sommes pas contre le fait d’améliorer nos pratiques, mais trouvons le juste équilibre.
Roger Genet, Directeur Anses
Nous nous trouvons souvent dans une posture où l’on nous demande de donner un avis sur un produit déjà déployé (ex : compteur Linky), sans avoir de données précises pour être complètement pointus. Il faut que les innovations soient accompagnées d’études et de données pour que nous puissions donner un avis d’expert. Il faut innover et analyser le risque en même temps.
François Arnould, Agriculteur
Je pratique l’agriculture de conservation, sans travail du sol, couverture maximum. J’ai des fourmilières, des vers de terre, même des grenouilles dans mes parcelles. J’utilise du glyphosate depuis 40 ans, je suis en bonne santé suite aux visites médicales. Faîtes attention à ne pas perturber notre investissement agronomique par des décisions trop radicales.
Ronan Vigouroux, Responsable environnement UIPP
Notre observatoire sur les abeilles est sur 5 départements (Vendée, Loiret, Gironde, Hérault et Marne). Sur les 5 sites, il y a une période de disette de 4 semaines entre le printemps et l’été. Nos analyses du pollen et du miel dans la Marne montrent qu’il y a zéro résidus de néonicotinoïdes.
L’Anses en quelques points
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, a un spectre d’activité très large et regroupe 1.400 salariés dont 1.000 scientifiques, auxquels s’associent, sur différents projets, 900 experts externes.
Les missions de l’Anses couvrent l’évaluation des risques dans le domaine de l’alimentation, l’environnement, le travail, en vue d’éclairer les pouvoirs publics dans leur politique sanitaire.
L’Anses dépend de cinq ministères (santé, agriculture, environnement, travail, consommation). C’est l’une des agences les plus reconnues en Europe.
L’Anses apporte une expertise scientifique indépendante et pluraliste et s’appuie sur des données publiques et privées. Pour l’agriculture, c’est l’ANSES qui décide des autorisations de mise sur le marché (AMM) pour les phytopharmaceutiques, les produits vétérinaires et biocides, des recommandations sur des dossiers comme les ZNT, etc.
Pour plus de précisions, www.anses.fr
article rédigé par Christophe Songy, Directeur de la FDSEA 51