Vieux d’à peine un an, le projet agroécologique autour de Tilloy et Bellay n’en n’est qu’à ses prémices. Pourtant, de nombreuses actions ont déjà été mises en œuvre…
Un nécessaire « état initial »
Etape incontournable, l’état initial s’est rapidement concentré sur un compartiment du paysage à première vue presque insignifiant, mais qui se révèle néanmoins bien présent sur l’ensemble du territoire, et doté d’intérêts écologiques notables : le bord de champ.
Les agriculteurs eux-mêmes ont réalisé ce diagnostic de leurs bords de champs.Après une journée de formation, organisée par la Chambre d’agriculture et la Fédération Régionale des Chasseurs, ils sont une dizaine à avoir parcouru ce territoire pour en observer les fameux bords de champs, selon quelques critères (largeur, recouvrement, présence d’adventices, présence de fleurs).
Au total, 125 km de chemins ont été ainsi regardés sous toutes les coutures. Une demi-journée de restitution leur a ensuite été proposée fin mai de manière à échanger sur leurs observations. L’objectif était également de commencer à réfléchir à différentes modalités de gestion qui pourraient s’appliquer à ces bordures dès le printemps 2017, pour en optimiser la gestion, tout en favorisant la biodiversité (fauches différées, semis…).
Un fort potentiel « auxiliaires de cultures »
En parallèle à ces observations, un état initial écologique flore / insectes a été réalisé sur 10 bordures de ce territoire par Marine Lauer, stagiaire en master 2 à la Chambre d’agriculture. Les résultats de cette étude, présentés au cours d’une réunion de restitution organisée fin juin sont éloquents. Ils montrent tout d’abord que l’hétérogénéité du paysage environnant (haie, bois, talus, diversité végétale dans la bordure…) permet d’augmenter la richesse en arthropodes. Ils soulignent également que seules 14% des espèces contactées sont considérées comme nuisibles, alors 50% sont des espèces potentiellement prédatrices de ces nuisibles et que 10% sont pollinisatrices. Ce suivi (qui se base sur pas moins 18 000 individus collectés entre avril et juin !) confirme donc l’intérêt des bords de champs en tant que réservoir pour les auxiliaires de cultures.
Et déjà des réalisations concrètes…
Au-delà de cette nécessaire première étape, des réalisations concrètes destinées à renforcer le maillage écologique du territoire ont déjà été mise en œuvre. Dès le printemps, 2 ha jachères apicoles ont été semés, réparties sur 18 sites. L’automne verra l’implantation de bouchons et de bandes tampon bouchon. Comme chaque année, dans le cadre du programme Agrifaune, une plateforme composée d’une dizaine de mélange d’interculture sera semée sur le lycée agricole de Somme vesle.
En parallèle, un travail de re-végétalisation sera opéré sur les bordures de certains chemins dégradés, grâce à l’outil Sem’Obord, capable de semer sur une largeur de 1m. Ces couverts pérennes, à base de graminées, de légumineuses et de fleurs sauvages, spécialement conçus pour les bords de champs de Champagne crayeuse, seront semés à l’automne et au printemps. Le printemps prochain verra également la mise en place d’une gestion différenciées des bordures diagnostiquées.
Solène Allart-Destreil
Fédération Régionale des Chasseurs de Champâgne-Ardenne